pourquoi cette envie de parler
de parler à mi-voix
de parler à tout ce qui est là
de se faire entendre
à tout ça qui est là parce que c’est là
- et si c’est là est-ce pour rien
on voudrait savoir y croire
s’y fier s’en convaincre
sans qu’il n’y ait doute
et n’en coûte
cette après-midi-là ce silence
cette disponibilité de soi pour soi
cette crue de soi en soi
ce vent léger qui nettoie
et sa propre existence là
seule présence
je me dis que mon père aussi
l’a connu quelques fois
cette disposition a ce moment là
cette proximité de soi à soi
cette écoute de soi tout bas
soi à loisir dans cette oisiveté
cet excès de soi en soi
alors :... un coeur plus spacieux
la propitiation des couleurs et de la lumière
de la lumière et de la tiédeur
de l’air et du timbre des bruits
et la vacance des objets
un milieu à ce point distrait !
n'être que ce temps qui est en ce moment
que ce soit rien que maintenant
rien qui attente au temps
ne lui intime d’ordre du jour
un temps ni d’astreinte ni de semaine
vacant tel un dimanche
comme s’immensifie la signifiance
quand à l'entame du présent
l’immédiat est en instance
réfrénant les références
contenant la contingence
internant l’instant
commence l’immense
et que l’actuel éternise
l’emprise du moment
ici plus de séquences
mais la science du suspens
une vague impatience que se passe
quelque évènement avénement renouvellement !
une naissance ?
il y a une effervescence dans la conscience
comme une conférence pleine de voix
en interne une conférence
partie hourrah partie brouhahas
bribes en vrac bouts foutraques
le fatras du l’havresac
la poésie tout à trac
la conscience d’une Imminence
d’une reconnaissance en instance
d’un aveu d’ un éveil
on attend un impact ou mieux un contact
on y fera un sort à moins qu’on y renonce
- c’est toujours la balance de la réticence
et de l’imprudence -
on cherche par avance un pronostic
on incline à la reconnaissance d’un arrêt d’un verdict
l’oeil n’est plus que sa transparence
le muscle perd sa tension suspend sa vigilance
peu à peu on s’engonce on réduit les distances
pour un peu de sa chair on sentirait l’adhérence
de son souffle on suspend la cadence
et le jour alors est tout de plaisance
me voilà confié à tout ce qui m’entoure
face à tout ce qui me regarde
attend-on de moi que j’y prenne garde
que je m’y consacre
tout semble savoir quoi faire
avoir affaire avec tout et laisser faire
animé au fond de bonnes intentions
et je n’en suis pas écarté
CARMIQUEL Transparition
(La Donne du Temps)