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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 17:27

 

Dans les papiers que mon Père avaient gardés jusqu’à sa mort (1961) et que ma mère avait conservés, j’ai retrouvé après sa mort (2004) un petit carnet dont j’ignorais l’existence et qui évoquait un peu de cette guerre dont il ne me parla qu’ à l’occasion de deux de mes anniversaire (en mai).

 C’est un petit carnet noir, à la couverture usée et bombée d’avoir passé plusieurs jours dans un poche révolver, écrit au crayon.Il évoquait les jours entre le 10 mai 1940 et le 26 juin. Mon père y fait allusion dans un des deux rapports que l’Armée lui demanda en 1941 et 1942 sur sa campagne et celle de sa Compagnie. Il déclare l’avoir perdu lors du repli sur Dunkerque…

 

La tenue d’un tel carnet semble avoir été obligatoire pour les officiers de commandement. De caractère très confidentiel, c’est pourquoi un bon nombre de noms de lieux ou de personnes n’y sont pas écrits en entier. et il était impératif qu’il ne tombe pas dans les mains de l’ennemi.

Dans ce « journal » mon père se nomme: « le Capitaine commandant la 3ème Compagnie » ou bien le « Capitaine TOURNEMIRE ». 

 

J’ai recopié ce texte avec le souci de la plus grande proximité avec  l’état du texte original: l’absence de ponctuation, les fautes d’orthographes, les abréviations  (parfois renseignées par moi entre parenthèse). 

Les points d’interrogation sont de moi: ils traduisent des mots que je ne suis pas capable de lire…

J’ai entrecoupé le texte du «  Petit Carnet noir » de passages d’une de ces lettres/rapport évoquées plus haut.Ils apparaissent en italiques.

Ils résument et précisent « à tête reposée » le récit écrit sous le feu des combats.

 

Pour la parution dans ce blog j’ai opéré un découpage en 4 parties:

- la montée au Front

- la défense de la Sambre

- les combats sur l’Escaut

- Dunkerque et l’Angleterre

- la retraite jusqu’à la Loire.

 

LE PETIT CARNET NOIR

 

/ la montée au Front/

 

 

10 Mai 1940

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à 12 h 15 le capitaine commandant la 3è compagnie de la R(égion) Militaire du Mans reçoit de la 4è Légion communication d'un message téléphonique ainsi conçu:

la C(ompagnie,) a l'effectif de 3 off(iciers)

          3 adjt (adjudants)

  4 chefs

          61 gardes

quitte le Mans le 11 mai à 6H30 pour se rendre à Cambrai en deux étapes

1°) le Mans - Beauvais

2°) Beauvais - Cambrai

 

le n° du convoi est 0483075

 

- 11 Mai-

 

Un détachement précurseur quitte la casern C..... à 3h30, 1 chef, 3 gardes, 2 équipages) pour préparer le cantonnement à Beauvais.

à 6h30 la C(ompagnie) quitte. À X (15) km du Mans au lieu dit ... , le garde Mauler du PM 5/4 est victime d'un accident (rapport du Ct  du DM 8/11). Sérieusement blessé, il est transporté à l'hôpital de Nogent -le-Rotrou par un automobiliste bénévole à 12h la Cie fait la grand Halte à l'entrée de Dreux et prend un repas froid. Départ à 14 h , arrivée à Beauvais à 18h15. Le personnel est logé à la Caserne Wat... et prend le repos du soir au mess ses S(ous)/Officiers). Les ordres pour la 2è étape sont donnés.

 

Le 11 Mai 1941 la 3e Compagnie quitte Le Mans pour se rendre à Maubeuge à la disposition du Général Commandant le Secteur fortifié  pour l’évacuation des populations Belges.

 

 

12 mai 1940

 

Réveil 5h30. Départ 6h30 . 7h50 halte casse-croute à l'entrée de Breteuil. Départ de Breteuil 8h30

à 9h25 en passant à Montdidier une alerte est donnée, les véhicules sont aussitôt rangés sous les arbres;

à 9h35 départ.

à 11h nouvelle alerte à Peronne. Départ à 11H10. Arrivée à Cambrai à 12h40. La Cie prend ses repas au Mess des s/off de la caserne Mortier.

Le ct de Cie reçoit un pli secret l'invitant à rejoindre Maubeuge à la disposition du Cdt du secteur fortifié (DC Hammont). Après le repas p... de 2000 litres d'essence. Départ de Cambrai à 17h, arrivée à Maubeuge à 19h 30.

à 10h le Cdt de Cie se rend auprès du Lieutenant commandant le secteur qui le met à la disposition du colonnel commandant ...  pour assurer l'évacuation des réfugiés belges. à 22h30 les ordres sont donnés au C(ommandant) de la Compagnie). (voir cahier d'ordre).

 

 

- 13 Mai 1940 -

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à 4h45 départ des Pm pour être à 6h aux emplacements de service. Le restant du personnel nettoyage du casernement à la caserne Joyeuse où les Pm ont passé la nuit;

à 9h20 le capitaine part en reconnaissance et après entente avec la colonel Wells répartit les PM chacun selon leur territoire  à surveiller

PM 7/4 Vieux Mesnil

8/4 ?

9/4 ?

Les PM logent chez l’habitant et font popote.

Seuls les secrétaires et le conducteur restent au PC du capitaine (caserne xxx Maubeuge)

Un service de liaison est assuré (voir cahier d’ordres)

 

Les 11,12,13 Mai 1941 sur la route Le Mans - Cambrai - Maubeuge (plusieurs alertes).

 

-  14 Mai 1940 -

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Les PM assurent l’évacuaton de la population Belge avec les régiments  de travailleurs.

 

Le 14 Mai, les pelotons de la Compagnie sont répartis sur 20 kilomètres de front environ pour assurer le repliement de la population Belge - PC du Capitaine à Maubeuge  Caserne Joyeuse auprès du Colonel WELHS.

 

 

 

 

- 15 Mai  -

Les événements semblent se précipiter, les populations passent la frontière sans formalités à l’entée mais au centre d’accueil, les PM assurent le même service.

 

- Jeudi 16 Mai -

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Les Cdt de PM convoqués la veille arrivent pour dix heures au PC du Capitaine. Un premier bombardement aérien avait déjà eu lieu à 9h (5 morts, une dizaine de blessés). L’Allemagne semble avoir remplacé son artillerie (trop coûteuse) pour l’aviation qui porte en lieu éloigné les bombes et produisent un gros effet moral. Depuis deux jours les effets de nombreux officiers et soldats ont été dispersés. Ils passent la frontière en même temps que les réfugiés démoralisés par les effets des bombardements et l’absence d ‘avions de chasse alliés.

Les liaisons téléphoniques étant interrompues 1 moto solo de liaison reste auprès du capitaine.

Un deuxième bombardement a lieu l’après-midi sur la ville. Maubeuge est incendiée. Les Allemands ne cessent de venir jeter des bombes.

Tout le personnel logeant à la caserne couche obligatoirement dans les casemates du fort.

 

Le 16 Mai, violent bombardement de la Caserne Joyeuse, 5 morts, une dizaine de blessés.

 

 

 

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commentaires

R
Votre travail pour actualiser ce carnet et le courage de votre père force le respect ! <br /> C’est tout simplement passionnant.
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