Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 00:02

Il y eut quatre damnés avions ce jour-là dans le ciel US.
Le premier pénétra l'espace aérien du QG de la plus formidable entreprise d'espionnage et de contrôle universel jamais imaginée, sans rien déclencher de son appareil de défense, puis alla s'écraser sur une tendre pelouse avant de se volatiliser contre un mur du bâtiment derrière lequel reposaient des tonnes de paperasses que leur volume même rendaient à jamais inexploitables. Cet événement est tellement à la honte de ses acteurs, des deux côtés, qu'il ont préférés l'oublier quand ce n'est pas, pour les plus fanatiques, le nier.
Dans le deuxième, quelque boy (du Kansas? de l'Oklahoma?) qui n'avait près de lui ni colt ni winchester, ne supporta pas qu'on ose le menacer et tenir en respect avec un cutter (un coupe papier). Ce qu'il fit lui coûta sans doute la vie, à d'autres aussi, que son geste réveilla comme la sonnerie d'une charge de Tuniques Bleues; à tous enfin car l'appareil empêché, par ces actes même, de voler vers New-York s'écrasa dans une forêt. De tout cela on ne sait vraiment rien, aussi l'imagination romanesque peut se donner libre cours quant à l'héroïsme, l'unanimisme patriotique, l'esprit d'équipe et de sacrifice . ll y a quelque années encore, nombre d'interprétations cinématographiques auraient aussitôt mobilisé Hollywood.
À l'approche des Tours jumelles, dans deux avions jumeaux, le même drame que dans le premier avion raconté plus haut: des passagers menacés par des terroristes équipés d'armes dérisoires, sidérés, regardant par les hublots venir leur mort; une équipe de pilotes improvisés, auto-formés dans quelque aéro-club du pays qu'ils exècrent, incapables d'apprendre davantage que de diriger vaguement un appareil déjà en vol.
Si le romanesque et l'épique (le littéraire) ne peuvent trouver leur compte à l'intérieur de l"appareil, le spectaculaire (le visuel) lui est bien là, ce jour là, au-dessus de New-York: prestige et majesté vertigineuse du décor, éclairage d'un ciel californien, travelling-ralenti des deux approches, pyrotechnie des chocs, multitude microscopique des figurants, hiératisme et lenteur de l'agonie des Tours, effondrement final. Et filmage tremblé, tronqué, bref esthétique du documentaire, du live, de l'authentique.
C'est cet épisode qui va inaugurer la sensibilité du monde de ce siècle naissant.
Remarquons que cette spectularisation doit tout à l'Occident. De tous les bouts de films tournés de l'accident aucun, tant leur qualité, leur brièveté porte la marque du fortuit ne semble avoir été tourné par les organisateurs de l'attentat. Leur imaginaire seulement occupé à scénariser la violence de leur vengeance n'a pas pris la mesure de la dimension visuelle qu'elle allait avoir. Qu'elle devait avoir.

Partager cet article
Repost0

commentaires